Celles qui font l’Anses : portraits de femmes de science
À l’occasion de la Journée internationale des femmes et des filles de science, six femmes qui contribuent à la science à l’Anses vous parlent de leur métier.
J’encadre une équipe en charge d’évaluer les risques liés aux maladies animales
Je suis vétérinaire de formation et titulaire d’un doctorat en biochimie cellulaire. Je travaille à l’Anses depuis 2010 et suis actuellement cheffe de l’unité d’évaluation des risques liés au bien-être, à la santé et à l'alimentation des animaux et aux vecteurs.
J’encadre une équipe de scientifiques pluridisciplinaire qui s’implique au quotidien au service de la santé publique. Nous sommes en charge d’évaluer les risques liés aux grandes maladies animales des élevages français, de la faune sauvage et des animaux de compagnie. Ce travail est mené avec les experts de nos comités et groupes de travail, ainsi que les scientifiques des laboratoires de l’Anses. Nous sommes souvent très mobilisés lors des crises sanitaires, comme celle, récente, de la grippe aviaire. D’autre part, nos activités concernant les vecteurs, comme les tiques ou les moustiques, permettent de lutter contre de nombreuses maladies transmissibles de l’animal à l’être humain. Nous conduisons aussi de nombreux travaux sur le bien-être animal, dont nous avons proposé une définition qui inclut l’état mental des animaux. Enfin, nous contribuons à l’évaluation sanitaire de l'alimentation animale en termes de risques pour l’animal, l’être humain et l’environnement.
Mon travail consiste à enrichir les expertises de l’Agence avec des connaissances en analyse socio-économique
Je suis économiste et directrice adjointe de la direction Sciences sociales, économie et société de l’Anses. Je suis également en charge des analyses socio-économiques. Celles-ci contribuent à une meilleure appréciation des risques sanitaires et environnementaux et de leurs enjeux pour différentes catégories d’acteurs. Elles permettent un ciblage plus précis des recommandations émises par l’Agence. Par exemple, il peut s’agir d’évaluer les déterminants socio-économiques favorisant certaines situations à risque, comme lors de notre travail sur les personnes victimes d’une infestation de punaises de lit. Nous identifions également les leviers et les freins rencontrés par certains acteurs économiques pour substituer un produit nocif sur le marché, comme par exemple les allergisants dans les textiles. Mon travail est aussi de documenter les impacts socio-économiques de certaines situations à risque, que l’on appelle « fardeau ». Celui-ci peut être sanitaire ou environnemental. Enfin, nous évaluons les conséquences potentielles d’actions envisagées pour réduire ou supprimer un risque. Ces analyses soulèvent des défis méthodologiques forts, en particulier lorsqu’elles s’inscrivent, comme cela est souvent le cas, dans une dimension prospective ou qu’elles portent sur des sujets émergents portant à controverses.
Je contribue à vérifier la sécurité des produits chimiques
Docteure en chimie, je suis actuellement cheffe de l’unité d’évaluation physico-chimie et méthodes d’analyse au sein de la direction d’évaluation des produits réglementés de l’Anses. Mon équipe évalue l’identité, les propriétés physico-chimiques et les méthodes d’analyse des substances et des produits chimiques qui font l’objet d’une demande d’autorisation de mise sur le marché. Nous apportons les données scientifiques nécessaires pour évaluer les risques pour la santé humaine ou pour l’environnement. Cette fonction d’appui scientifique est très enrichissante car elle nous permet d’échanger avec l’ensemble des métiers de l’évaluation.
Que ce soit pour désinfecter la maison, repousser des nuisibles ou protéger les cultures, nous sommes de près ou de loin au contact de ces produits. Ce qui m’anime dans mon métier, c’est la diversité des problématiques scientifiques rencontrées, qui sont en lien direct avec notre quotidien.
J’apprécie également la possibilité de contribuer activement à la mise en place de nouveaux critères d’évaluation, qui renforcent les exigences de connaissances sur les substances chimiques. Enfin, mon métier me permet d’être acteur du système réglementaire européen comme national et ainsi de contribuer à vérifier la sécurité de produits chimiques parfois largement utilisés.
Ma mission vise à garantir aux animaux les meilleures conditions de bien-être, en plus d’assurer leur bonne santé
Je m’occupe de coordonner les activités sur le bien-être au sein de l’Anses, où je suis également conseillère scientifique. Mon objectif est la prise en compte du bien-être animal comme une dimension fondamentale de l’élevage moderne, qu’il soit intensif ou extensif. L’heure n’est plus à essayer d’adapter les animaux aux conditions d’élevage mais bien d’adapter ces dernières aux besoins des animaux et à leurs attentes. Mes travaux visent à ce que les animaux d’élevage puissent exprimer tous les comportements spécifiques de leur espèce et avoir des émotions positives.
Je m’assure du pilotage stratégique des activités de recherche, d’expertise et de référence de l’Anses sur le bien-être animal. Je participe directement à certains projets de recherche ayant pour but d’étudier l’impact des conditions d’élevage sur le bien-être et la santé des animaux, de valider des indicateurs pour objectiver leur bien-être et de limiter les conséquences négatives sur le bien-être lors de la mise à mort. J’ai également des activités au niveau européen : je suis depuis 2015 vice-présidente de la commission Santé et bien-être animal de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) et je suis responsable depuis 2020 du Centre européen de référence sur le bien-être des volailles et autres petits animaux d’élevage.
Je contribue à assurer la sécurité des consommateurs vis-à-vis des contaminants chimiques dans les aliments
Ingénieur chimiste de formation, je suis responsable du laboratoire national de référence Éléments traces métalliques dans les denrées alimentaires d’origine animale. Un volet important de mon travail consiste à développer les connaissances sur la contamination des aliments par les éléments traces métalliques et les espèces chimiques qui les constituent. Nous étudions aussi leur transformation éventuelle lors de la cuisson, qui peut modifier leur toxicité. Les contaminations peuvent venir de sources diverses, telles que les polluants environnementaux, l’agriculture, l’industrie ou certains procédés de production alimentaire. Les méthodes d’analyse que nous développons permettent de vérifier la conformité des aliments aux normes européennes.
Nos travaux contribuent à estimer l’exposition des consommateurs aux contaminants et à instaurer des mesures de gestion adaptées. Il peut s’agir de la réduction au niveau européen de seuils réglementaires des contaminants dans les aliments, ou de recommandations de consommation. J’apporte aussi mon expertise aux autorités compétentes pour répondre à des situations sanitaires particulières. Par exemple, lors de l’incendie de l’usine Lubrizol en septembre 2019, j’ai contribué à estimer l’accumulation potentielle de contaminants dans les productions agricoles à moyen terme.
Je développe des vaccins pour les blaireaux contre la tuberculose
Vétérinaire scientifique, j’ai rejoint l’Anses en 2019 pour intégrer le Laboratoire de la Rage et de la faune sauvage de Nancy. Les équipes sont spécialisées dans l’étude des zoonoses, c’est-à-dire des maladies transmissibles entre les animaux et l’être humain. Nous développons des vaccins et des tests diagnostiques pour le blaireau contre la tuberculose, provoquée par la bactérie Mycobacterium bovis. Le but est de limiter les risques de transmission aux bovins. En effet, la vaccination des bovins contre la tuberculose n’est pas autorisée en France et la maladie est en train de ré-émerger, notamment en Nouvelle-Aquitaine. Le développement d’un vaccin oral dans un appât pour la faune sauvage nécessite des décennies de recherche et de développement, en partenariat avec les industriels. La maladie étant chronique, les études prennent plus de temps que pour les maladies aiguës. De plus, l’étude de la tuberculose nécessite des laboratoires spécialisés. Enfin, les blaireaux sont une espèce compliquée à capturer et à étudier en captivité. Je participe aussi à l’évaluation, chez les carnivores souvent sauvages, du bien-être animal et des réponses physiologiques et immunitaires à des zoonoses majeures, telles que l’échinococcose ou le SARS-CoV-2.