Premier avis de l’Anses relatif à l’évaluation des risques alimentaires liés à l’incendie industriel de l’usine Lubrizol
L’important panache de fumée produit par l’incendie, le 26 septembre, de l’Usine Lubrizol à Rouen a généré des retombées sur plusieurs départements français. Rapidement, des mesures et des prélèvements ont été initiés par les pouvoirs publics pour évaluer l’impact des substances dangereuses susceptibles d’avoir été émises.
Dans ce contexte, l’Anses a été saisie afin d’évaluer les risques alimentaires potentiellement liés aux retombées. Il s’agit en premier lieu de s’assurer de l’adéquation des premières dispositions prises en matière de surveillance et de prélèvement, en ce qui concerne les productions agricoles et alimentaires.
En vue de compléter la stratégie mise en place en urgence, l’Anses a également été saisie conjointement avec l’Ineris afin d’identifier les principales substances susceptibles d’avoir des effets sanitaires en lien avec différentes voies d’exposition. La contribution de l’Anses vient en complément des travaux de l’Ineris, organisme de référence en matière de risques industriels, qui a notamment dressé la liste des substances susceptibles d’avoir été émises dans l’environnement lors de cet accident industriel et des zones ayant été exposées à ces substances.
L’avis de l’Anses du 4 octobre constitue une première réponse aux deux saisines.
Sur le volet alimentaire, l’Anses conclut que les substances recherchées en première intention (dioxines et furanes, PCB, HAP et les élément-traces métalliques) dans les produits agricoles et alimentaires sont pertinentes. Elle propose d’élargir la liste des substances à d’autres élément-traces métalliques, aux phtalates et aux retardateurs de flamme utilisés par les pompiers lors de l’extinction de l’incendie. L’Anses établit également la liste des substances à rechercher et mesurer dans les aliments destinés aux animaux d’élevage.
L’Anses recommande par ailleurs que des prélèvements de sols soient réalisés au titre de la gestion des élevages à long terme, notamment pour ce qui concerne les animaux qui pâturent ou picorent en plein air, et pour déterminer plus précisément le périmètre concerné par des retombées significatives.
De façon plus globale, l’Anses formule des recommandations visant à optimiser les plans de surveillance et de prélèvements mis en place et les faire évoluer en tenant compte du temps passé depuis l’évènement, d’une part sur le plan de la complétude des éléments recherchés, et d’autre part, sur les modalités de recueil et de documentation des prélèvements afin de faciliter ensuite l’exploitation et l’interprétation des données.
Par ailleurs, dans le cadre de sa mission de coordination des centres anti-poisons (CAP), l’Anses a dressé avec la cellule opérationnelle de toxicovigilance le bilan des appels reçus par les CAP du 26 au 30 septembre en lien avec l’accident. Au total, 51 cas d’effets indésirables ont été recensés et déclarés bénins.
Le travail d’expertise de l’Anses se poursuit, sur la base des analyses en cours pour différents produits et milieux, afin de définir les plans de surveillance nécessaires à moyen et long terme.