Les actions de l’Anses pour éviter la propagation de l’influenza aviaire
L’influenza aviaire peut entrainer d’importantes mortalités chez les oiseaux sauvages et domestiques. Dans certaines conditions, le virus peut se transmettre à l’être humain. L’Anses joue un rôle majeur pour lutter contre la maladie en coordonnant le diagnostic de la maladie chez les animaux et en menant des recherches pour améliorer la détection du virus, connaître les souches en circulation et évaluer de nouveaux vaccins pour les volailles. Elle apporte également un appui aux autorités publiques pour évaluer les risques d’introduction de la maladie, en amont de nouvelles vagues, et pour recommander des mesures de gestion lors des épizooties.
Pour en savoir plus sur l'influenza aviaire, retrouvez notre article décryptage
Le laboratoire national de référence : coordonner les analyses de diagnostic
Le laboratoire de Ploufragan-Plouzané-Niort est laboratoire national de référence (LNR) sur l’influenza aviaire : il encadre un réseau de laboratoires vétérinaires, opérationnel en permanence, pour effectuer rapidement toutes les analyses nécessaires au diagnostic de la maladie. Lorsqu’un élevage ou des oiseaux sauvages sont suspectés d’être infectés par l’influenza aviaire, sur la base de critères officiels de suspicion clinique, des prélèvements standardisés sont effectués et immédiatement envoyés aux laboratoires vétérinaires agréés qui réalisent les tests RT-PCR. Le laboratoire de l’Anses assure les analyses de confirmation en cas de résultat positif obtenu lors de ces tests.
Le LNR organise régulièrement des essais interlaboratoires d’aptitude pour garantir la fiabilité des analyses des laboratoires vétérinaires du réseau. Il participe tous les ans à leur équivalent à l’échelon européen.
Par ailleurs, face aux évolutions du virus, le LNR développe de nouvelles méthodes d’analyse et met en œuvre des analyses poussées pour caractériser finement les souches isolées. Il dispose également d’une collection de souches virales qu’il enrichit régulièrement.
Le Laboratoire de l’Anses transmet au niveau international des données sur la circulation des souches de virus de l’influenza aviaire, dans le cadre de l’OFFLU (réseau mondial conjoint l’Organisation mondiale de la santé animale--FAO d’expertise sur les grippes animales).
Des recherches pour mieux connaître le virus de l’influenza aviaire
Améliorer la détection du virus dans l’environnement
Le laboratoire national de référence pour l’influenza aviaire évalue les méthodes de détection de virus de l’influenza aviaire, pour permettre la détection de ce virus dans l’environnement des élevages. Ceci permettra notamment de détecter les zones et matériels les plus contaminés et d’évaluer l’efficacité des mesures de nettoyage et de désinfection mises en œuvre préalablement à la réintroduction d’animaux dans les élevages contaminés.
Mieux connaitre les souches en circulation
L’étude approfondie des caractéristiques des virus influenza aviaire détectés lors des épizooties est essentielle afin d’améliorer la réactivité et d’adapter les mesures de lutte. Les travaux portent en particulier sur la variabilité génétique des virus, leurs facteurs de virulence, ainsi que leur capacité de transmission et d’adaptation à un hôte non aviaire. Ces derniers travaux sont conduits en collaboration étroite avec les centres nationaux de référence des virus grippaux humains et les instances chargées de la santé publique.
Un appui pour prévenir et gérer les crises d’influenza aviaire
L’Anses est régulièrement mobilisée par le ministère chargé de l’agriculture pour l’accompagner dans la gestion des crises d’influenza aviaire. Ainsi, l’agence évalue le risque d’introduction et de diffusion de la maladie dans les élevages de volailles français, en coordination avec la plateforme d’épidémiosurveillance en santé animale. Cette évaluation se fait en fonction de la situation mondiale et européenne, des migrations des oiseaux sauvages et du nombre d’élevages de volailles dans les zones fréquentées par les oiseaux sauvages infectés. L’Agence appuie également les pouvoirs publics sur les mesures de gestion à mettre en place pour limiter la diffusion de la maladie dans les élevages et pour combattre son passage potentiel vers d'autres animaux et les humains en contact. Elle réalise aussi des enquêtes épidémiologiques lors des épizooties et lors des opérations de dépeuplement des élevages contaminés. Elle conduit des expérimentations destinées à évaluer l’efficacité de certaines approches de gestion, comme l'évaluation expérimentale de la durée d’assainissement des lisiers ou le suivi de la persistance virale sur les sites d’enfouissement. Au travers de ses compétences en recherche, en évaluation des risques mais aussi en tant qu'Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV), l'Anses appuie par ailleurs la mise en place de la vaccination des volailles.
Appuyer le développement de la vaccination chez les canards
En complément des mesures de biosécurité déjà en place dans les élevages, l’Anses appuie les pouvoirs publics dans l’élaboration d’une stratégie vaccinale. Elle a ainsi évalué des scénarios de vaccination préventive visant à protéger les filières avicoles et à limiter la diffusion du virus en priorisant, selon les moyens de vaccination disponibles, les espèces à vacciner et les types d’élevages.
Au terme d’une étude visant à évaluer l’intérêt de vacciner les canards contre le virus, l’Anses et l’École nationale vétérinaire de Toulouse ont par ailleurs mis en évidence l’efficacité de deux candidats vaccins dans un cadre strictement expérimental, dans des conditions proches du terrain et en conditions protégées, tant sur la prévention des symptômes de la maladie que sur la limitation l’excrétion et de la transmission entre volailles. L’étude, commanditée par le ministère en charge de l’agriculture, associait également les régions de Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Pays-de-la-Loire et Bretagne, ainsi que les professionnels de la filière. Cette recherche s’inscrit dans le plan d'action sur la vaccination contre l’influenza aviaire hautement pathogène annoncé en décembre 2022 par le ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire.
Depuis mars 2023, l’Anses en tant qu’Agence nationale du médicament vétérinaire a délivré plusieurs autorisations temporaires d’utilisation (ATU) pour des vaccins vétérinaires efficaces contre la souche circulante d’IAHP. Ces ATU permettent l’utilisation de ces vaccins dans notre pays si une campagne de vaccination est décidée par les pouvoirs publics, telle celle envisagée à l’automne 2023. Au 1er juin, cinq ATU de ce type ont été délivrées, dont trois pour des vaccins utilisables sur canard : POULVAC FLUFEND H5N3 (poules et canard Pékin) et AVIAN INFLUENZA VACCINE H5N1 (poule) de Zoetis France, VECTORMUNE HVT AIV (poulet) et VACCIN SRV H5 (canard mulard) de Ceva Santé Animale, VOLVAC BEST AI + ND (poulets, canards Pékin, mulard et de barbarie) de Boehringer Ingelheim Animal Health France. Deux vaccins ciblant des espèces autres que le canard sont encore en cours d’instruction.
La procédure temporaire d’autorisation permet à l’autorité nationale compétente, lorsque la situation sanitaire l’exige, d’autoriser des médicaments vétérinaires ne disposant pas encore d’autorisation au sein de l’Union Européenne. L’ATU permet de vérifier les garanties d’innocuité et d’efficacité annoncées par les firmes productrices des vaccins. Une ATU a vocation à faire place dans un délai raisonnable à une AMM délivrée au niveau européen.
Ces produits peuvent être des vaccins autorisés dans des pays hors UE ou bien des vaccins en cours de développement. L’ATU conformément à l’article 110(5) du règlement (UE) n°2019/6 est une décision liée à une urgence, permettant une utilisation à titre temporaire qui devient caduque dès lors qu’un vaccin obtient une autorisation de mise sur le marché pour la même souche de pathogène et la même espèce animale. La liste complète des ATU délivrée par l’Anses est disponible en ligne.
Apporter une expertise au niveau international
À l'échelon international, des scientifiques de l'Agence interviennent comme experts sur l’influenza aviaire auprès de la Commission européenne et de l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA). Des experts de l’Anses participent également aux travaux de normalisation de l’Association française de normalisation (AFNOR), au réseau OFFLU (OMSA/FAO) et à la Pharmacopée européenne.