Charançon rouge du palmier : Lutter contre la disparition des palmiers sur le littoral méditerranéen
Le charançon rouge est l’un des insectes ravageurs les plus destructeurs des palmiers. Il menace à ce titre, la biodiversité végétale dans de nombreux pays. En forte progression depuis plus de dix ans sur le littoral méditerranéen, cet insecte est classé comme organisme nuisible réglementé de quarantaine, danger phytosanitaire majeur en France et soumis à des mesures de lutte obligatoire. Afin d’endiguer la progression du ravageur introduit sur le territoire national en 2006, des stratégies de lutte sont mises en œuvre aux niveaux local et international. Dans ce contexte, l’Anses a mené une expertise afin d’améliorer les stratégies de lutte contre le charançon rouge du palmier, en particulier dans la zone méditerranéenne française où les palmiers sont menacés de disparition.
Le charançon rouge (Rhynchophorus ferrugineus)menace la plupart des espèces de palmiers en les détruisant de l’intérieur, ce qui conduit au dépérissement des palmes et à la chute du sommet des arbres. Particulièrement implanté sur le littoral de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, il est également présent de façon sporadique dans d'autres régions françaises. Dans le cadre de la lutte contre le charançon rouge, l’Anses a été saisie par le ministère en charge de l’agriculture, afin d’identifier les stratégies de lutte les plus pertinentes en fonction du niveau d’infestation par ce ravageur.
Deux situations identifiées en France dans la lutte contre le charançon rouge du palmier
Les experts de l’Anses se sont appuyés sur les conclusions du rapport de l'Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture de 2017 indiquant que « les besoins en matière de lutte contre l’organisme nuisible sont directement corrélés à l’évolution des populations du charançon rouge du palmier ». En partant de ce constat, l’Agence a défini deux situations différentes dans la lutte contre le ravageur en France. D’une part, dans la zone dite « centre-atlantique », l’éradication du charançon est possible par la mise en œuvre de mesures phytosanitaires préventives telles que des mesures réglementaires associées à une surveillance et un suivi des palmiers ainsi que des assainissements mécaniques et des méthodes de protection chimique ou biologique. D’autre part, dans la zone dite « méditerranéenne », pour laquelle l’éradication du charançon est quasi impossible, l’objectif est de stabiliser la progression du charançon afin de réduire son impact sur la mortalité des palmiers.
A cet effet , les experts ont identifié des stratégies de lutte les plus pertinentes, intégrant des approches curatives et préventives, sur la base d’une évaluation des différentes méthodes de lutte existantes, telles que : l'assainissement mécanique, l'application de produits phytopharmaceutiques insecticides, dont des produits de biocontrôle autorisés pour cet usage tels que des produits à base de micro-organismes, l’application de nématodes entomopathogènes, ou encore le piégeage de masse de l’insecte.
Deux scénarii proposés pour éviter la propagation du charançon dans la région méditerranéenne
En évaluant les méthodes opérationnelles les plus efficaces et en prenant en compte le coût de leur mise en œuvre ainsi que leur éventuel impact sur l’environnement, plusieurs d’entre elles ont été identifiées. En termes d'innocuité pour l’environnement, la combinaison de deux produits de lutte biologique (Beauveria et Steinernema) dans le strict respect des conditions d’autorisation des produits concernés pour cet usage, associée au piégeage de masse, se révèle être la méthode la plus appropriée. Il ressort également que l’injection de benzoate d’émamectine dans le strict respect des conditions d’autorisation des produits concernés pour cet usage, combinée ou non au piégeage de masse, serait la méthode présentant le coût le moins élevé. Par ailleurs, la méthode de piégeage dite « Attract-and-Kill », bien que n’étant pas encore totalement opérationnelle sur le terrain, apparaît comme étant potentiellement intéressante. Sur cette base, l’Anses propose deux scénarii différents possibles pour lutter contre le charançon rouge dans la zone méditerranéenne :
- stabiliser la population de charançon rouge du palmier et limiter son aire d’extension géographique par des moyens de lutte adaptés ;
- protéger en priorité, dans les zones infestées, les palmiers d’importance patrimoniale et proposer des espèces végétales de remplacement pour les zones non protégées.