Exposition au plomb dans les espaces extérieurs
Le plomb est un élément toxique pour la santé et plus particulièrement pour celle des jeunes enfants. En tant que polluant de l’environnement, il peut contaminer différents milieux dont les aliments et les poussières atmosphériques. Dans son expertise publiée ce jour, l’Anses conclut que les poussières des espaces publics extérieurs contaminées par le plomb (trottoirs, voiries, mobilier urbain, aires de jeux…) sont une source d’exposition de la population générale à considérer. L’Agence souligne que les enfants et certains professionnels sont les plus susceptibles d’être exposés à ces poussières contaminées par contact ou ingestion. L’Agence émet des recommandations afin de réduire durablement l’exposition des populations au plomb.
L’Anses a été saisie par les ministères en charge de la Santé et du Travail afin de caractériser l'exposition au plomb via des poussières contaminées déposées sur les surfaces d’espaces publics extérieurs : trottoirs, voiries, mobilier urbain, aires de jeux extérieures, etc… En effet, le plomb peut être émis dans l’air par des sites industriels ou artisanaux, puis se déposer dans l’environnement. Il peut également se retrouver dans les poussières du fait d’érosion ou de lessivage d’éléments architecturaux en contenant, et contaminer les espaces extérieurs par ce biais. La contamination peut enfin être liée à une pollution accidentelle, comme ce fut le cas lors de l’incendie de Notre-Dame de Paris en avril 2019.
Des populations à risques identifiées
Il existe peu de données dans la littérature scientifique concernant l’exposition de la population générale et des travailleurs au plomb présent dans les poussières déposées sur les surfaces d’espaces extérieurs. Les quelques données disponibles, dont certaines issues d’études françaises, indiquent que la contamination de ce milieu peut impacter la concentration sanguine en plomb appelée plombémie.
Les populations risquant le plus d’être contaminées par les poussières sont les enfants et certains travailleurs, du fait de leurs probabilités de contacts avec des surfaces contaminées. La voie d’exposition prioritaire semble être l’ingestion de poussières, en particulier pour les enfants qui sont plus susceptibles de porter leurs mains à la bouche.
Ainsi, l’Agence conclut que les poussières déposées sur les surfaces d’espaces publics extérieurs sont à considérer comme une source d’exposition, avec un intérêt particulier pour les lieux fréquentés par les enfants.
Évaluer l’exposition liée à l’ingestion de poussières contaminées
Dans son expertise, l’Anses constate que les différents modèles de calcul actuels et que les données disponibles ne permettent pas d’évaluer de manière robuste les expositions au plomb via les poussières extérieures. Il n’est donc pas possible d’évaluer la contribution de cette source d’exposition au plomb relativement à toutes les autres : aliments, eau de boisson, poussières intérieures, air, etc. Néanmoins, l’Anses souligne l’importance de réduire sans attendre l’exposition aux poussières extérieures.
Dans ses recommandations, l’Agence évoque la nécessité d’acquérir des données qui permettront de modéliser l’exposition au plomb présent dans les poussières déposées sur les surfaces d’espaces publics extérieurs.
Réduire l’exposition au plomb liée à l’ingestion de poussières extérieures
Pour la population générale, l’Agence rappelle les gestes de prévention préconisés par le Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) en 2017 comme par exemple le lavage fréquent des mains, ou se déchausser pour limiter le transport de poussières dans les logements. Pour les populations vulnérables et à risque accru de contamination, en particulier les enfants, il est préconisé de faire doser le plomb dans le sang (plombémie).
Pour les travailleurs exposés aux poussières extérieures, compte tenu de la diversité des situations, l’Anses recommande en premier lieu la mesure de la plombémie pour estimer l’exposition. Par ailleurs, l’Agence préconise d’actualiser les valeurs biologiques à utiliser, conformément à son avis de juillet 2019 (PDF). Enfin, l’Agence précise que les travailleurs qui exécutent des tâches susceptibles de les mettre au contact de poussières de plomb déposées sur le sol ou d’autres surfaces contaminées devraient bénéficier d’un suivi médical individuel renforcé.
Concernant plus spécifiquement la situation post-incendie de Notre-Dame de Paris, les résultats de cette expertise de l’Anses seront mis à profit dans le cadre de la démarche initiée sous l’égide de l’ARS Île-de-France, visant à documenter les concentrations en plomb habituelles des poussières extérieures de Paris.