Lancement de PestiRiv : Une étude inédite sur l’exposition aux pesticides des personnes vivant en zone viticole

En France, une partie importante de la population rurale vit dans des régions viticoles. Ces personnes sont-elles particulièrement exposées aux produits utilisés pour les traitements phytopharmaceutiques et, si oui, comment ? Pour répondre à ces questions, Santé publique France et l’Anses lancent ce jour PestiRiv, première étude de grande ampleur visant à mieux connaître et comprendre l’exposition aux pesticides des personnes vivant près de cultures viticoles. Les mesures réalisées auprès de 3 350 personnes dans 6 régions françaises permettront d’identifier de manière objective les sources qui contribuent le plus à l’exposition aux pesticides et d’adapter les mesures de prévention.

Mesurer l’exposition aux pesticides en tenant compte de toutes les sources d’exposition

Alors que l’effet des pesticides sur la santé préoccupe les Français et les pouvoirs publics, aujourd’hui peu de données sont disponibles en France sur l’exposition réelle des personnes vivant près de cultures, en particulier viticoles. PestiRiv constitue ainsi la première étude menée à l’échelle de la France métropolitaine pour explorer l’exposition aux pesticides en zones viticoles et non viticoles. Il s’agit d’une étude inédite dans la mesure où elle permettra de mettre en regard le niveau d’exposition réelle de la population, évaluée par des prélèvements biologiques, à l’ensemble des sources possibles d’exposition : l’air, l’alimentation (y compris l’eau), l’activité professionnelle dont les usages agricoles, et les usages domestiques.

Le principal objectif est de savoir s’il existe une différence entre l’exposition aux pesticides des personnes vivant près de vignes et de celles vivant loin de toute culture. PestiRiv permettra d’identifier les sources qui contribuent le plus à l’exposition aux pesticides et d’identifier l’influence que peuvent avoir la distance aux vignes, la saison ou encore les habitudes et les comportements des individus sur cette exposition. Mieux comprendre l’origine de ces expositions permettra d’identifier les moyens de les limiter et d’éviter en conséquence les effets potentiels de ces produits sur la santé.

Une étude de grande ampleur : 3 350 participants, 2 périodes d’étude sur le terrain

L’étude est réalisée auprès de 3 350 participants tirés au sort, des adultes de 18 à 79 ans et des enfants de plus de 3 ans vivant dans des zones viticoles (à moins de 500 mètres de vignes et à plus de 1 000 mètres d’autres cultures) et des zones éloignées de toute culture (plus de 1 000 mètres de toute culture). Les participants seront répartis dans plus de 250 zones d’études, représentant des situations locales contrastées, dans six régions : Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur. 

L’étude PestiRiv porte sur 2 périodes de l’année : 

  • d’octobre 2021 à février 2022, lorsque les traitements des vignes avec des produits phytopharmaceutiques sont les moins fréquents ; 
  • de mars à août 2022 lorsque les traitements sont les plus fréquents.  

L’exposition aux pesticides sera mesurée à la fois chez l’Homme et dans l’environnement avec :

  • des recueils d’échantillons d’urines et de cheveux pour mesurer les pesticides présents dans l’organisme des participants ;
  • des recueils de poussières, d’air à l’intérieur du logement, ou encore de fruits et légumes du jardin de certains participants ;
  • des mesures de pesticides dans l’air extérieur menées dans certaines zones viticoles et d’autres éloignées de toute culture. 

Ces mesures seront accompagnées : 

  • de questionnaires adressés aux participants permettant d’identifier les sources pouvant contribuer à leur exposition aux pesticides ;
  • d’une description des conditions météorologiques et topographiques pouvant influencer la dispersion des produits phytopharmaceutiques dans l’environnement ;   
  • d’une analyse du contexte agricole des zones d’étude, par exemple la probabilité de traitements des vignes ;
  • d’une exploitation des données de surveillance nationale de l’eau pour connaître localement la contribution de cette source à l’exposition des consommateurs. 

Les mesures dans les milieux concerneront une cinquantaine de substances.

Une étude testée au préalable et acceptée :  56% des participants intéressés par le sujet

La première phase de l’étude PestiRiv a été menée par Santé publique France et l’Anses dans quatre communes des régions Grand Est et Nouvelle-Aquitaine. L’objectif était de s’assurer de l’implication des participants et d’ajuster le protocole si nécessaire en testant la méthodologie et l’adhésion des riverains et des parties prenantes, en identifiant les motifs de refus et les attentes des personnes sollicitées. Chez les 72 foyers qui y ont participé, du 28 octobre au 21 décembre 2019, ont été constatés :

  • un suivi consciencieux du protocole par les participants, y compris les enfants ;
  • une bonne compréhension des questionnaires, même si certains ont depuis été adaptés et simplifiés ;
  • des participants en général fortement mobilisés car vivant très près des vignes, étant viticulteur ou famille de viticulteur ou ayant connaissance de problèmes de santé dans leur entourage.

Cette première phase de l’étude PestiRiv a permis de mieux comprendre les attentes des participants et d’ajuster le protocole de l’étude afin d’améliorer son déroulement à l’échelle nationale.

Une étude dans la continuité des travaux de l’Anses et de Santé publique France 

L’étude PestiRiv s’inscrit dans une série de travaux scientifiques soutenus par l’Anses et par Santé publique France, qui visent à améliorer les connaissances sur les pesticides et leurs effets réels sur la santé. 

A travers le programme national de biosurveillance (ENNS , Elfe , Esteban …), piloté et mis en œuvre par Santé publique France, l’exposition de la population française à différents polluants, dont les pesticides, est évaluée, en mesurant les niveaux d’imprégnation à partir de prélèvements (urine, sang, cheveux), en recherchant les modalités de l’exposition et en proposant des recommandations pour diminuer l’exposition. 

GEOCAP-AGRI, menée également par Santé publique France en partenariat avec l’Inserm-Epicea UMR 1153, avec le financement de l’Anses, étudie le risque d’apparition de cancers chez l’enfant au regard de la proximité de certaines familles de cultures. 

La Campagne nationale exploratoire des pesticides (CNEP) menée par l’Anses, l’Ineris et Atmo France, le réseau des associations de surveillance de la qualité de l’air, a permis d’obtenir une photographie des substances présentes dans l’air extérieur (hors situation de grande proximité avec la source d’émission) et leurs niveaux de concentration en France, en métropole et Outre-mer. 

L’ensemble de ces données sont exploitées dans le cadre de la phytopharmacovigilance, un dispositif national de surveillance des effets indésirables liés à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques piloté par l’Anses, dont le but est de collecter les données existantes et d’identifier les signaux et alertes qui nécessitent des actions nationales.